Treizième et ultime participation du Lensois Daniel Vandendaul

Publié le 30/05/2017
Passer trois jours et trois nuits à marcher 450 kilomètres, dans un temps limite de 60 heures, cela peut paraître inhumain. Encore plus à près de 63 ans! C'est donc, à coup sûr, une « première» mondiale qu'entend réussir Daniel Vandendaul, engagé du 31 mai au 3 juin sur l'épreuve Paris-Ribeauvillé, plus connue sous son ancienne appellation mythique, Paris-Colmar.
 
Voici un an, Daniel Vandendaul s'était mis en tête de prendre à nouveau le départ de Paris-Ribeauvillé, après plusieurs années de répit. On s'en souvient, le retour n'avait pas été concluant: le marcheur avait non seulement joué de malchance avec un passage à niveau récalcitrant, mais il avait aussi perdu une bonne partie de sa concentration à la suite d'une blessure fortuite dont fut victime son épouse sur le trajet.
La mort dans l'âme, il s'était donc résolu à abandonner, une issue qui ne «colle pas du tout avec le caractère du personnage. Très vite, d'ailleurs, il avait fait, de l'édition 2017, son prochain objectif. Il ne voulait tout simplement pas rester sur un échec, promettant au passage qu'il s'agirait de sa toute dernière participation à une compétition de grand fond.
Et pour mettre toutes les chances de son côté, il en a usé, des chaussures et du bitume! Ainsi, il a couvert 20.000 kilomètres depuis 2014 !
Et cette année, il a augmenté sa charge d'entrainement de 20% par rapport à 2016. Dernièrement, il a marché 16 heures sur deux jours et est resté 32 heures sans dormir, pour parvenir à postposer le sommeil.
«Je veux fermer la parenthèse de la marche de grand fond sur une note positive», explique ce passionné. «C'est un dernier gros défi que je me lance, avant de passer à des distances plus réduites, et je veux à tout prix le relever. Pour y arriver, nous avons retenu les leçons des erreurs commises en 2016. Mon coach André Stalpaert s’y est attelé d'arrache-pied pour réduire au maximum les risques de faille. Il n’a rien laissé au hasard pour que l'épreuve tourne à la réussite. Personnellement, j’ai aussi fait le nécessaire pour arriver en forme le jour-J».
Daniel n'a pas d'autre objectif que de franchir la ligne d'arrivée. «Jouer un classement ? Ce n'est pas le plus important, d'autant que ce n'est plus possible à mon âge. L'endurance, je l'ai. Elle me permet de compenser la vitesse perdue avec les années. Je ne dois plus rêver: marcher à du 10km/h, c'est fini pour moi. Cela ne m’a quand même pas empêché de terminer 6° à Château-Thierry, en mars, pour décrocher ma qualification».
 
Si le poids des années semble ne pas accabler le Lensois, il connaît cependant ses limites et peut compter sur une énorme expérience en la matière. «J'ai presque envie de dire que ce challenge frôle l'indécence à m'on âge, à ceci près que je ne recherche pas un résultat. C'est d'abord une solide bagarre avec moi-même. histoire de me dépasser en vue de franchir la ligne d'arrivée».
Le périple s'avère long et parsemé d'embûches. Souvent les mêmes: «Les caps des 35, 70 et 100 bornes, par exemple. Vous savez, trois jours et trois nuits, c’est une mini-vie qui défile, avec ses temps forts, mais aussi des souffrances, des passages plus compliqués. Avec l'habitude, j'ai appris à relativiser les périodes d'euphorie, de bien-être. Quand elles s'avèrent trop bonnes, elles n 'augurent rien de positif. Il faut éviter de s'emballer, il vaut mieux se méfier; pour gérer tous les détails. Là, c'est surtout la tête qui travaille. La barre des 200 kilomètres n'est pas à négliger non plus. Le risque de débrayer, de péter un câble comme on dit, pend au nez des participants. La fatigue commence à se faire sentir.
Pourtant, vous avez conscience d'être seulement à la moitié du parcours. Il Importe alors de rester positif de garder confiance en soi. C'est aussi à ces moments-là que l'équipe d'encadrement prend toute son importance».
 
Finir Paris-Ribeauvillé à 63 ans? S'il réussit son pari, Daniel Vandendaul signera un record qui risque de tenir un bon bout de temps. De fait, seulement 14 marcheurs prendront le départ cette année, pour une trentaine lors des éditions précédentes. «Signe des temps: les jeunes d'aujourd'hui préfèrent le confort de leur fauteuil aux efforts», termine le Lensois. «Ce n'est pas vraiment de bon augure pour le futur de la discipline •.
Daniel, qui se lancera  avec le dossard n° l0, s'apprête à ouvrir un grand chapitre de l'histoire du grand fond, Pour lui, il s'agira de la conclusion.
 
F.MI.          
 
 
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