Daniel Vandendaul cultive son besoin de défis : « Tant qu’il y a une carotte… »

Publié le 10/09/2021

Le Lessinois était, pour la quinzième fois de sa carrière, au depart de Paris-Alsace, la semaine dernière. Une incroyable longévité !

On a sans doute dû se tromper mais, à un moment donné, on avait quand même cru comprendre qu’il avait dit qu’on ne l’y prendrait plus. Et pourtant, Daniel Vandendaul était encore de la partie cette année à Paris-Colmar. Certes dans une version alternative à celle qui voit les « fous de la marche » galoper jour et nuit mais à 67 ans, le Lessinois de Lens, profondément attaché à sa ville de naissance, a de nouveau bouclé l’épreuve phare de la marche de grand fond, arrivant à bon port, dans les rues de Kaysersberg. Pour la quinzième participation de sa carrière ! Plus que jamais, l’adjectif inusable colle aux baskets de notre régional jamais à court de défis. 

Daniel, quelle surprise de vous avoir vu prendre le départ de Paris-Alsace mercredi dernier ! 

Je comprends ! Il y a deux ans, j’avais dit que c’était terminé et dans ma tête, c’était confirmé : je disais stop à ces compétitions où il faut marcher plus de 24 h non-stop ou avaler 500 km de jour comme de nuit. Toutefois, pour le reste, je voulais toujours me laisser tenter par des défis. Je suis un compétiteur dans l’âme.

D’accord mais là, on parle bien de Paris-Alsace, soit la mythique épreuve de marche… 

Vous avez raison mais en raison de la crise Covid, il s’agissait d’une édition particulière. En 2020, à cause du virus, Paris-Colmar n’a pu avoir lieu. Le sponsor principal avait annoncé aux organisateurs son retrait si, cette année, ils faisaient à nouveau l’impasse. Quasi une menace. Mais comment procéder à la sélection de marcheurs puisqu’aucune épreuve n’avait pu avoir lieu ? On ne pouvait pas laisser n’importe qui prendre le départ d’un 500 km… 

D’où cette idée d’un Paris-Alsace fractionné en étapes ? 

Un cadre de course qui est moins contraignant où on ne passe pas plusieurs nuits d’affilée à marcher. Une formule de quatre journées, avec 50 à 60 km par jour. Et au-delà de l’envie de donner un coup de main à l’organisation en prenant le départ, c’est ce format de course qui m’a convaincu. 

Et comment ça s’est passé ? 

Super bien ! C’était juste incroyable, cette manière avec laquelle j’ai pu enchaîner les étapes, tout en gestion et décontraction. Quel plaisir ! Je me vois encore le dernier jour dans le Col du Bonhomme ou celui du Calvaire avec un sourire jusqu’aux oreilles. Parce que c’était le bonheur d’être là, de remplir l’objectif que je m’étais fixé, celui d’être à l’arrivée tout en profitant.

Cerise sur le gâteau : vous finissez quatrième !

C’est la plus mauvaise place, celle qui ne rapporte qu’une médaille en chocolat ! Mais ça reste secondaire. Le but était juste de montrer que le Vandendaul, il pouvait encore le faire. À 67 balais !

Il a fallu remettre l’ouvrage sur le métier à l’entraînement…

Je n’avais jamais vraiment arrêté car j’étais resté à 100 km par semaine, histoire de rester en forme dans le cadre des séances que je donne dans mon club du Vertigo. Je devais juste me remettre en mode compétition.
Depuis la nouvelle année, j’ai parcouru 4 000 km. Même durant mes vacances, c’était marche et encore marche
: 600 bornes en montagne ! Et c’est pour cette raison que je suis content car le résultat est au rendez-vous.

Le temps semble n’avoir aucune emprise sur vous…

On me l’a fait remarquer làbas mais c’est impossible de dire si je suis mieux maintenant qu’il y a deux ou trois
ans. Car ici, la formule en étapes me convenait très bien. Ce n’est en rien comparable avec les 530 km que propose habituellement le mythique Paris-Colmar. Sur le plan physique, 50 km par jour pour un total de 209 bornes, je savais que c’était dans mes cordes. Puis, cette quatrième place me permet de compléter ma collection
de "Tops 10" car j’avais fait deux, trois, sept, huit, neuf et dix. Quatre, c’est chouette !

Mais ce résultat marque-t-il votre grand retour ?

Non ! L’interrupteur reste sur off. Par contre, je ne dis pas non à des trucs plus ponctuels comme les 24 heures de Wadelincourt chez mon ami Pascal Biebuyck avec ce championnat de Belgique du 100 km qui me trotte dans la
tête. On me verra aussi aux 28 h de Roubaix mais juste pour faire partie de l’encadrement de Serge Georgelin. Des petits one-shots, quoi !

Petits, petits… Grands, non ?

Vous savez, j’ai toujours été admiratif des gens qui font du sport pour le seul plaisir. J'aimerais être comme eux mais mon truc, ça reste la compétition. Si on me met une carotte devant les yeux, je peux difficilement détourner le regard.

La marche a besoin de se réinventer 

ll y a 37 ans, en 1984, Daniel vivait son premier Paris-Colmar. 

« Et je suis encore là bon pied bon oeil »  rigole-t-il. « Comme quoi, le sport donne la pêche et repousse la vieillesse ! » 

Et en l’espace de quasi quatre décennies, que dire de la marche ?

« Elle a besoin de se réinventer, innover, faire preuve de créativité. Ça passe par des épreuves comme Paris-Colmar, qui montre l’exemple. Son comité est assez intelligent pour poursuivre sur le chemin emprunté cette année. La distance mythique reviendra, ça, c’est sûr ! Mais il y a la place pour d’autres formules. Celle par étapes et, pourquoi pas, un relais ! Il faut attire un autre public en se diversifiant. »
Les formules ont beau changer, ce qui reste, c’est l’encadrement nécessaire pour arriver au bout.
« En plus de mon entraîneur de toujours André Stalpart, quatre personnes m’ont épaulé cette année : mon épouse Antonia, mon cycliste Yves, ma marcheuse Christine et mon chauffeur Daniel. C’est également pour eux que je voulais signer un bon résultat. Pour leur presence et leur investissement. ».

Interview : Loïc Defoort
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