Daniel Vandendaul met un terme à 60 années de sport de haut niveau

Vaincu par la douleur, et malgré un mental à toute épreuve, le Lensois se résout à tirer sa révérence.  

Daniel Vandendaul devait participer aux 24 Heures de Bourges. S’il a bien pris le départ de l’épreuve qualificative pour l’édition 2020 de Paris-Alsace, il a vite dû renoncer en raison de fortes douleurs au niveau du dos. Et une fois sa dernière foulée accomplie, il a pris la sage décision d’en rester là. Définitivement.

Daniel Vandendaul qui met un terme à la compétition ? A priori, la nouvelle a de quoi surprendre ! Et pourtant… Unanimement considéré comme un sportif accompli et émérite sur qui les années n’ont jamais vraiment eu d’emprise, il vient, en effet, de prendre un autre chemin, celui de la retraite. Dans sa longue carrière de marcheur athlétique, le Lensois de 66 ans a eu des coups durs, connu des moments plus difficiles. Mais il s’était toujours relevé. Parce que son moteur était la compétition, parce qu’il préférait pratiquer du sport au grand air plutôt que prendre des médicaments, comme il se plaisait à le répéter. S’il s’attendait bien sûr à devoir arrêter un jour, sa force mentale lui avait toujours permis, jusqu’ici, de repousser ses limites, et l’échéance. Jusqu’à ce samedi, en fait, sur le coup de 19h, du côté de Bourges.
Son palmarès renseigne nombre de victoires, d’exploits. Toujours obtenus à la sueur du front, parfois dans la douleur. Mais ce combat-là, le dernier qu’il a mené, était trop inégal.

<< Après quelques tours à Bourges, j'ai dû me résoudre à arrêter >>

« Ce n’était plus possible », lance-t-il d’emblée sur un ton beaucoup moins enjoué que d’habitude et qui en dit long sur sa déception.« Depuis le début de l’année, je ne pouvais pas m’entraîner deux heures sans avoir mal au dos. Un peu de repos, et j’étais reparti. Mais la douleur revenait systématiquement lors de la sortie suivante ». Malgré tout, il s’était préparé en vue des 24 Heures de Bourges dans l’espoir de décrocher un nouveau ticket pour Paris-Alsace, le rendez-vous le plus prestigieux de la discipline. « Après quelques tours à Bourges ou environ 50 kilomètres, je n’ai cependant eu d’autre choix que de m’arrêter. Chaque fois que je posais le pied au sol, ça me cognait dans la tête. Des « tapes » à la hanche et au genou n’ont eu aucun effet. La douleur, au niveau des lombaires, devenait de plus en plus insupportable, de plus en plus difficile à maîtriser. Et ça n’allait faire qu’empirer. J’aurais pu me gaver d’antidouleurs, mais cela aurait tout juste camouflé le mal, sans plus. Dans ces conditions… »
La sagesse a donc pris le dessus. D’ailleurs, cet abandon aux 24 Heures de Bourges a vite débouché sur une autre résolution, encore plus radicale celle-là : « Désormais, je m’enlève de la tête le mot « compétition » ! Je préfère prendre cette décision maintenant plutôt que de risqué d’autres échecs ». Car au fil des années, Daniel a appris à connaître son corps, à rester à l’écoute des moindres signaux : « Il n’y a pas que la tête. Encore faut-il que le corps suive. Vu la situation, il ne serait pas intelligent de ma part de forcer, de produire de nouveaux efforts qui pourraient compromettre l’avenir.
Employé dans la maintenance, les capteurs qui servent à mesurer le degré d’usure n’ont plus de secret pour moi. C’est pareil ici. Ma mécanique a vieilli et je dois l’accepter. La fin d’un beau voyage… »

<< Je ne tiens pas à faire l'année de trop, tandis que je ne veux pas risquer d'autres échecs >>

Et de poursuivre : « Je ne tiens pas à faire l’année de trop. Je pourrais continuer à m’entraîner en vue de Paris-Alsace, ce qui voudrait dire dénicher des sponsors et engager une équipe d’encadrement. Mais imaginez qu’au final, j’échoue ! Non, je ne le supporterais pas. Comme dernier souvenir, excellent de surcroît, je préfère donc garder en tête ma deuxième place à Paris-Alsace en 2019. Et puis, il y a d’autres choses dans la vie, la famille, des projets… La réalité, c’est la santé. Je ne reviendrai pas sur ma decision ». N’empêche, la retraite à peine annoncée, Daniel Vandendaul a déjà trouvé une forme de reconversion : « J’ai le sport dans la peau, il fait partie de mon ADN. Je ne vais donc pas tout stopper ainsi, du jour au lendemain. Le vélo, un rêve d’enfant, me tente. J’aime cette discipline qui, du reste, s’avère plus douce pour le corps… » Non, on ne le changera pas !

Daniel met un terme à 60 années de sport de haut niveau

Une page se tourne pour Daniel, tandis que le sport régional, et même national, perd un de ses plus beaux ambassadeurs. Le Lensois met donc un terme à 60 années d’exploits, « preuve que le sport conserve », ajoute-t-il. « En fait, il est le meilleur véhicule pour traverser la vie. Il vous donne 20 ans dans la tête chaque jour ».
Son palmarès est riche : 14 participations à la plus célèbre épreuve de grand fond de niveau mondial, Paris-Colmar-Alsace. Sept top-10 à la clé, dont une 3e place en 1988. Et, plus fabuleux encore, une 2e en 2019, soit 31 ans plus tard, témoin d’une passion jamais démentie. Il a aussi signé la 5e performance de tous les temps sur 200km en 22h03', ainsi qu’une 9e performance de tous les temps sur 100km en 9h59'. Et ce n’est pas tout puisqu’il a couvert la distance de 200 bornes en moins de 24 heures à… 30 reprises ! Respect !

F.MI.

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