Jean-Marie ROUAULT Champion de France 2012 marche grand fond

Publié le 6 mars 2012 par Omnisport Pithiviers 
 
Le week-end dernier, 62 marcheurs ont pris le départ des 24h00 de marche à Bourges sur un circuit de 2,681 km, comptant d’une part pour l’attribution du titre de champion de France et d’autre part pour la qualification au prochain Paris Colmar. Météo clémente et parcours sans grande difficulté autour du magnifique site des rives d’Auron, ont permis à Jean-Marie Rouault de remporter l’épreuve. Pourtant jusqu’à la 17ème heure du championnat rien n’était joué; notre pithivérien est à ce moment en 2ème position. Maintenant une bonne allure sur le marcheur de tête, il parvient à regagner du terrain, puisant dans ses dernières ressources et à force d’encouragements, il termine vainqueur en empochant le titre de champion de France, après avoir parcouru 200,503 km durant ces 24 heures. Au passage des 100 km, Jean-Marie en profite également pour signer une performance de premier ordre couvrant, la distance en 11h41’34". Bravo à Jean-Marie et rendez-vous pour le prochain Paris Colmar.
 
Mais nous avons voulu en savoir plus sur Jean-Marie.
 

♦ Depuis combien de temps pratiques-tu la marche à pied sportive ?


J.M. : De 1978 à 1995, j’ai participé aux 12h00 d’Etréchy, puis aux 6h00 d’Etampes jusqu’en 1997. Puis je me suis attaqué aux épreuves de 24h00 à Graide (Belgique), Vallorbe (Suisse), Château Thierry (Championnat de France 2011) avec plusieurs podiums et cette année Bourges avec le titre de champion de France
 

♦ Avec de nombreux défis à ton actif (marathons, tour du Mont Blanc etc…) qu’est-ce qui t’attires dans ces épreuves de grand fond ?


J.M. : Le dépassement de soi, la performance, les titres et la compétition sont mes motivations.
 

♦ Est-ce que l’on retrouve dans ces championnats, la même solidarité, la même amitié, que l’on connaît dans les épreuves de marche ?


J.M. : Il y a beaucoup de respect les uns envers les autres. Chaque athlète est conscient que la défaillance peut arriver à tout moment, c’est la règle, on ne sait pas ce qui va se passer dans l’heure qui vient; les écarts se forment rapidement dans les deux sens. La première règle dans le grand fond est de gérer ses efforts et rester humble.
 

♦ Quelles sont les bases d’entraînement pour pouvoir disputer une telle épreuve?


J.M. : Il n’y a pas de secret. La première chose est d’accepter l’épreuve de grand fond; il faut être prêt psychologiquement, être conscient de la difficulté de la préparation et de l’épreuve engagée; la deuxième chose est l’entrainement qui prend beaucoup de temps et nécessite des sacrifices et la troisième est d’être bien encadré. Il n’est pas concevable de prendre le départ seul d’une épreuve de longue distance sans un minimum d’assistance. Enfin il faut pouvoir s’appuyer sur des partenaires pour former une véritable équipe.

 

♦ Avec une moyenne de plus de 8,3 km/heure sur 24h00, suis tu un tableau de marche ?


J.M. : C’est toute la tactique que je mets en place, ce qui est tout à fait personnel. Pour moi, tout est programmé et écrit, avec un contrôle tout les tours (environ 2,5 Km). C’est pourquoi les premières heures, je me trouve en milieu de classement et comme je conserve le même rythme tout au long de la distance, je double mes adversaires un par un ce qui est très motivant.

 

♦ Comment te prépares-tu physiquement ?


J.M. : En général, beaucoup de kilomètres au compteur, environ 600 Km en deux mois avant la compétition. Je règle mon année sportive sur 3 cycles de 4 mois : un mois de remise en forme avec des footings, préparation physique généralisée, étirements, deux mois d’entrainements spécifiques avec des sorties de 2 à 3 heures à raison de 5 à 6 jours par semaine et quelques compétitions de réglage sans ambitions, puis la compétition. Après, durant un mois c’est la réparation, récupération et repos.

 

♦ Y-a-t-il une préparation psychologique particulière ?


J.M. : C’est ce qui fait la différence en fin de course ou lorsque l’on est en difficulté. Dans une épreuve de grand-fond, il y a des moments de bien être, d’euphorie, mais aussi de doute et de douleur. C’est dans les moments difficiles qu’il faut puiser dans ses réserves et retrouver au plus vite une spirale positive. On s’y prépare tous, mais je suis convaincu que personne ne réagit de la même manière et c’est dans ces moments que les membres de l’équipe doivent réagir et relancer l’athlète à condition de bien le connaitre.

 

♦ A quoi occupe-t-on son esprit tout au long de ces heures passées sur le bitume ?


J.M. : Sur une grande partie de l’épreuve, lorsque tout est programmé, Il est important de penser à autre chose que la course proprement dite. Je suis équipé d’un Ipod et j’écoute différents types de musique, même pendant les entrainements. Il faut surtout penser : « il ne reste plus que 12h00 de course » et non pas « il reste encore 12h00 de course ». Et puis il y a la compétition et donc il y un moment où l’on doit se situer et faire le nécessaire pour arriver à son objectif en fonction des circonstances de course. Toujours est-il qu’il me semble important d’être toujours lucide et prendre les bonnes décisions.
 

♦ On suppose que durant ces 24 heures, il doit y avoir des passages difficiles; quelles sont les périodes les plus à craindre ?


J.M. : On a tous des moments de difficulté et pas forcément aux mêmes moments. En ce qui me concerne, je négocie une épreuve de 24H00 en 4 parties. Premier quart (13h00 19h00) de la course où je suis dans l’attente et je vois partir les concurrents devant ce qui n’est pas très motivant. Le deuxième quart (19h00 01h00) qui correspond à la première partie de la nuit qui est une partie plutôt agréable, puis le troisième quart (01h00 07h00), la plus difficile physiquement où je commence à me renseigner sur les écarts avec mes concurrents et les remonter un par un, puis le dernier quart (07h00 13h00) qui dépend de ma position mais c’est aussi dans cette partie que la différence peut se faire.

 

♦ Comment s’organisent les différents ravitaillements ?


J.M. : C’est le travail de deux membres de l’équipe. Leur objectif est de se relayer afin de m’apporter un ravitaillement tout les tours (2,5 Km). Une boisson à chaque tour, en alternance avec de l’eau et une boisson énergétique. Un ravitaillement en nourriture toutes les heures en alternance avec un repas liquide et solide. Bien évidemment tout est testé au cours des entrainements et surtout, tout est notifié afin de ne rien manquer pendant l’épreuve car l’esprit est ailleurs.
 

♦ Quels sont les besoins énergétiques indispensables lors de cette épreuve ?


J.M. : Pour moi le plus important est de boire systématiquement à chaque tour (2,5 Kms). Je reste déjà très hydraté la semaine avant la compétition. Il est important de toujours manger des aliments très digestes et régulièrement, le corps est comme un moteur, lorsqu’il n’y a plus de carburant, la machine s’arrête.
 

♦ Y-a-t-il des contrôles médicaux avant ou après ces championnats ?


J.M. : Pendant ma période de préparation, je fais toujours des analyses de sang afin de détecter d’éventuelles carences. Je suis suivi régulièrement par mon kiné personnel, qui fait partie intégrante de l’équipe et je consulte un podologue du sport afin de me préparer les pieds qui souffrent énormément. Ensuite, après les compétitions, nous sommes régulièrement contrôlés contre le dopage.
 

♦ Comment va se dérouler la semaine à venir pour la récupération ?


J.M. : En principe, après une épreuve de 24H00, les nuits suivantes sont difficiles. Le podologue répare les pieds, le kiné soulage les douleurs et je passe à autre chose pendant un mois pour vraiment décompresser et penser autrement. À la sortie de ce championnat de France, les choses sont un peu différentes, je suis revenu avec un titre de champion de France et il va falloir redescendre de ce nuage, prendre conscience de ce résultat, accepter les sollicitations et repartir sur de nouveaux objectifs.

 

♦ Quels sont tes projets et tes prochains rendez-vous pour l’année 2012 ?


J.M. : Cette année j’avais programmé trois compétions. Octobre 2011 avec les 24H00 de Vallorbe en Suisse que j’ai gagnés avec 202 Km ce qui m’a permis d’obtenir ma qualification pour le « Paris Colmar » 2012. Février 2012 avec les championnats de France des 24H00 à Bourges où je décroche le titre de champion de France avec 200 Kms. Juin 2012 le deuxième objectif de la saison qui est de gagner l’épreuve de « Paris Colmar » du 20 au 23 Juin 2012.
 
Saving