Emmanuel Lassalle, marcheur de grand fond, vegan et 4ème des championnats du monde

Emmanuel LASSALLE, est un marcheur d’ultra distance et vegan français de 32 ans. Respectueux de son corps et du vivant, il est l’ambassadeur du mode de vie Vegan dans son sport. En Juin 2013, il a terminé 4ème du championnat du monde de Marche athlétique de Grand Fond, le Paris-Colmar, en parcourant les 440 km en 57h54', je n’ai qu’un mot pour décrire cette performance, impressionnant !
 
Emmanuel a eu la gentillesse de répondre à quelques questions que Vegactu se fait le plaisir de partager avec vous :
 

♦ Pourquoi es-tu devenu vegan ?

 
Pour plusieurs raisons :
 
Cela me rend un peu atypique dans ma discipline, mais suscite aussi beaucoup de curiosité.D’abord par « humanisme ». cela peut paraître bizarre, mais lorsque l’on sait que toutes les 15/20 secondes, un individu meurt de faim chaque jour, et que les 3/4 de ces personnes sont des enfants, cette situation pouvant être évitée avec une agriculture mieux pensée (ce n’est pas un scoop), je refuse encore plus de participer à ce qui est pour moi un génocide, rien de moins.
Par rapport à ma pratique sportive, je souhaitais qu’elle soit dans la même philosophie que ma vie, à savoir respectueuse de moi-même et de toute forme vivante. Elle ne pouvait pas rester en décalage, puisque la Marche athlétique, à ce niveau et sur ces distances, est clairement un second boulot.
Et bien sur, ma santé n’est pas en reste car je me sens véritablement beaucoup mieux. En Juin dernier sur Paris-Colmar, les mondiaux de notre discipline où je termine 4eme pour ma 1ere participation, je n’ai souffert d’AUCUN trouble alimentaire, dans une épreuve ou pourtant ces problèmes peuvent être légions. Musculairement aucun souci, avec des associations simples et digestes.
C’est toujours un grand plaisir pour moi de montrer que l’on peut faire du haut-niveau avec cette approche alimentaire, que les vegan ne sont pas des gens dénutritions et malades, que ce soit physiquement et mentalement.
Cela me rend un peu atypique dans ma discipline, mais suscite aussi beaucoup de curiosité de la part du milieu, qui est très tolérant en fin de compte.
 

♦ Peux-tu nous décrire ta semaine type d’entrainement ?

 
Je marche environ entre 100 et 200 km par semaine. Je marche environ entre 100 et 200 km par semaine suivant le cycle d’entrainement dans lequel je me trouve. Cela me prend au moins 30 heures par semaine car je complète avec beaucoup de renforcement musculaire, mais uniquement avec mon poids de corps, les gros muscles ne sont pas nécessaires pour marcher . J’ai beaucoup soulevé durant mes années de marche de vitesse, et cela ne m’a apporté que des blessures. Alors je reste sur la pyramide de base « abdos-gainages- étirements » .
Bien sur, encaisser mes charges d’entrainement passe par une hygiène de vie « de moine », je surveille bien tous mes apports alimentaires, je varie au maximum, et pour cela la cuisine végane est un trésor de bienfaits !
 
Coté alimentation pour l’effort, je n’était pas partisan des produits spécifiques, moi, c’est purée maison avec tofu, seitan, pour recharger les muscles en protéines et  éviter les crampes sur les épreuves de 24 et plus, par exemple. J’associe désormais cette cuisine « maison » avec des produits de l’effort 100 % vegan de la marque canadienne VEGA SPORT et des barres crues ROO’BAR (des gouts extraordinaires!!!) .Le tout m’est fourni par mon sponsor VEGE-SPORT.COM, dont je suis l’ambassadeur depuis cette saison.
 
Je trouve leur démarche de proposer des produits de l’effort Par et POUR des Vegan vraiment pertinente, et je les remercie encore de la confiance qu’ils m’accordent pour les représenter !
 

♦ Raconte-nous ta course de 440km aux championnats du monde

 
C’est complètement ce que l’on m’avait dit, à savoir un truc de barge.
Mais cela s’est très bien passé. Les coups de mou, j’en ai eu un après Bar le duc, et le repos de 2 heures obligatoire. Hallucinations et tout le toutim, qui sont finalement passées en 30 minutes, sans s’inquiéter trop (un peu quand même, un éléphant nain qui marche à coté de vous ça fait drôle).
L'arrivée Place Rapp est une délivrance énorme, un moment complètement hors du temps, on se rend compte que tous les sacrifices faits, ce n'est pas pour rien!
 
Ce qu’il faut comprendre, c’est que même si tu es le meilleur sur le papier, c’est une épreuve qui dictera toujours sa loi. Donc sans humilité, tu te casses la gueule! Je suis parti tout doux, les deux prologues de 5 et 15 bornes, je ne les ai pas fait à fond comme beaucoup. J’étais 15ème pendant longtemps, mais je suis resté régulier et comme prévu, on a commencé à ramasser les « morts » (sur 30 partants nous ne sommes que 7 à terminer !!!) dans les Vosges.
 
En plus j’étais à la maison, sur mes terres d’entrainement, je vis à 20 km de Vittel (arrivée de la grande étape de 343 km), à LAMARCHE (ça ne s’invente pas). Je connaissais donc le parcours quasi par cœur, on a pu lâcher les chevaux à ce moment là.En plus mes collègues et toute ma famille m’attendaient à Vittel, que du bonheur.
 
Mon coach et moi on a appliqué notre stratégie à la lettre pendant 57h54' et plus on se rapprochait de Colmar, plus j’allais vite, malgré le col du calvaire à grimper le dernier jour et la vertigineuse descente vers Kaysersberg qui pendant 30 km vous casse littéralement les pattes !
 
L’arrivée Place Rapp est une délivrance énorme, un moment complètement hors du temps, on se rend compte que tous les sacrifices faits, ce n’est pas pour rien! Je me rend compte que les marcheurs athlétiques d’Ultra distance font des prouesses et que la reconnaissance nous fait aussi cruellement défaut. Bon, il est vrai qu’on est moins « Glamour » ou « fun » que d’autres sports, on a une image extrême.
 

♦ Quels sont tes futurs objectifs ?

 
Mes objectifs de la saison sont les 24 heures de Bourges les 1er et 2 mars, où j’irai tenter les 200 km pour être dans les 10 meilleurs au classement Mondial. Je ferai ensuite les championnats de France de la discipline les 26 et 27 Avril prochain, pour ensuite, du 3 au 7 Juin, tenter le podium sur ce mythique Paris-Colmar.
 
Nicolaï Van Lennepkade  12 février 2014
 

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