Roger Quemener imbattable à Paris-Colmar 1989 :
sept fois vainqueur

L'édition 1989 de Paris-Colmar restera inscrite dans les mémoires pour bien des raisons. Parce qu'elle aura été, pour Roger Quemener, celle du record absolu: sept victoires, dont cinq consécutives. Mais aussi parce que cette victoire n'a pas été acquise sans une lutte âpre et longtemps indécise.

Adrien Pheulpin et Dominique Malthiery lui ont en effet mené la vie dure, avec des bonheurs divers. À l'arrivée, Roger Quemener leur a d'ailleurs rendu une sorte d'hommage, disant du premier qu'il avait fait la course, et du second qu'il avait tout pour gagner un jour. Mais si Adrien Pheulpin s'est montré menaçant jusqu'au bout, il y avait longtemps à ce moment que Dominique Malthiery s'était écroulé, reculant jusqu'à la sixième place.

Pour Quemener, les années se suivent et se ressemblent. «Monsieur Paris-Colmar» s'arrête donc sur une victoire. Car c'est dit : il ne sera plus au départ l'année prochaine. J'ai déjà fait 230.000 km dans la nature, et je ne l'ai pas encore vue. Alors, maintenant, je veux prendre le temps de la voir.

Son intelligence de la course a beaucoup joué dans cette septième victoire. Pheulpin avait pris jusqu'à 35 minutes d'avance et Quemener avait fini, après 375 km, par se débarrasser de Malthiery et par revenir en tête. Alors, il a observé son adversaire et a attendu qu'il ait des problèmes de ravitaillement pour l'attaquer. Quand on n'a plus les moyens physiques d'attaquer un jeune, il faut attendre... La suite est connue. Quemener a quand même connu une grande frayeur le dernier matin où, pendant une heure, il s'est senti complètement épuisé. Il était alors en tête depuis douze heures, mais toujours sous la menace de Pheulpin. Quand je suis derrière, je suis solide, je veux rattraper celui qui est devant. Mais quand je suis en tête, je veux que ça se termine! C'est une forme de déconcentration.

Pheulpin solide deuxième, le Polonais Klapa est parvenu, pour la première fois, à monter sur le podium. C'était aussi la première fois qu'il était accompagné d'une véritable équipe, et ce n'est évidemment pas sans rapports.

Du côté des Belges, le bilan n'est finalement pas très positif. Vandendaul a abandonné après 270 km et Pietquin a éprouvé toutes les peines du monde à terminer neuvième, pour la dernière fois. La relève est bien discrète, et on peut craindre que la suprématie française sur Paris-Colmar se prolonge dans les années à venir...

Quant à la première expérience d'une épreuve féminine, elle n'a permis qu'à deux athlètes de terminer à Colmar. Il faudra du temps pour que des marcheuses assez nombreuses et assez entraînées se lancent dans cette aventure.

Pierre Maury

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